Après trois mois de silence, Madame Valérie Trierweiler annonce dans une interview pour Ouest-France :« le tweet (de soutien adressé à Olivier Falorni, qui a mis à mal Ségolène Royal durant la campagne pour les législatives de 2012, ndlr) a été une erreur que je regrette ». Nous génération Y, on s’interroge : pourquoi ?
Alors, pression sociale ? La première dame est-elle en train de céder au rôle qu’elle a tant rejeté ?Ce rôle contre lequel elle s’est maladroitement vigoureusement débattue ?A-t-elle cédé alors que, tel un oiseau en proie aux charognards, elle a lutté contre la norme caricaturale qui allait s’abattre sur elle et l’enfermer dans un personnage qu’elle n’était pas ? A-t-elle changé sous le poids des chaînes de la « fonction » ? Mais est-ce donc la fin des haricots ?
Valérie sérieux, pas toi.
Alerte rouge pour nous, pauvres pêcheuses
Mais qu’est-ce donc qu’une femme forte face aux carcans moraux, culturels et traditionnels de la société, hmm ?
J’ai lu quelque part, un homme expliquant qu’il ne pouvait être féministe car le féminisme était « une lutte menée par les dominéEs ». Après réflexion finalement, notre chère première dame semble lui donner raison : nous sommes en lutte. C’est d’ailleurs pour cela que l’on a eu droit, dés le début de l’article, à un champs lexical digne d’un rendu d’arme avec drapeau blanc :
« Je n’oublie pas la chance dont j’ai bénéficié dans la vie. Il est temps pour moi de rendre, en me mettant au service des autres ; et des enfants en particulier. »
Oui, j’ai failli m’étouffer moi aussi. Ayant lu en diagonale, j’ai cru voir « me rendre ». Il faut dire que la signification sous-jacente est, finalement, plutôt explicite.
Eh béh ! Ça a bieeen du faire plaisir aux dinosaures politiques de tous bords, un tel retour dans le droit chemin ! Vous reprendrez bien encore un peu de soumission ? Telle une enfant sermonnée après avoir été prise en faute, on peut lire dans le choix de ses mots, l’abdication suite à la rédemption :
« Je n’avais pas encore réalisé que je n’étais plus seulement une simple citoyenne. Cela ne se reproduira pas. »
(Argh!)
Le journaliste l’interroge ensuite sur le satut de première dame, la first lady répond :
« Il n’y en a pas et nul besoin d’en créer un. »
Tiens, a t-elle changé d’avis ? Moi j’aimais bien l’idée de définir enfin les droits et les devoirs du / de la compagne / époux(se) du / de la Président(e) de la République en France. Je trouvais ça formidable, brillant de modernité et d’intelligence. On avançait et mettait le doigt là où le phallocentrisme régnait en maître despote, mine de rien.
« Sur le rôle oui, j’ai avancé. Je n’avais sans doute pas pris toute la mesure des exigences de cette tâche. Etre aux côtés du Président m’oblige à considérer les choses autrement, à avoir des préoccupations moins personnelles. Je reçois de nombreuses demandes d’associations ; et d’autres individuelles : le plus souvent de femmes dans des situations précaires. Je considère que c’est mon devoir d’y répondre. »
Hormis la soudaine révélation raisonnée pour le sacrifice lié au devoir, dites moi, s’il vous plait, que ce sont des éléments de langage. S’il vous plait.
Alors… et la com dans tout ça ?
Conseillers en com, conseillers politiques, coachs ? Vendez votre âme, on fera de vous la meilleure dame de France de la Ve !
Oui c’est vrai, contrairement aux déclarations qui sont faites, je n’imagine pas sans un certain effroi une armada d’hommes lui dire quoi faire, quoi dire, quoi penser, quoi porter…
Ce serait plus chouette de se dire, que finalement, elle est toujours aux commandes et que c’est juste un coup de com’ ! En effet, on a pu apprendre récemment que 67% des français avaient un avis défavorable la concernant. Quoi de mieux qu’un bon mea culpa médiatisé ? Mais la communication, ça a bon dos. J’ai envie de dire zut à la fin. Val, t’es une nana bien, libre, forte, indépendante, en quelque sorte égérie d’une lutte qui ne doit pas cesser pour si peu ! Si même la première dame de France capitule face au puissant patriarcat, que faire… ?
Sommes-nous complices ?
Bon soyons honnête.
Après avoir goulûment suivi le feuilleton de l’été que les médias nous ont servi (digne d’une télé-nova brésilienne mais qui ne retrace sûrement pas toute la vérité ! Quand même, on en a conscience hein, faut pas déconner…) et après n’avoir eu aucune réaction face à cette condamnation, à cet humiliant bashing exposé sur la place médiatico-publique, on se dit aujourd’hui, en lisant cet article, qu’on a un amer goût dans la bouche…
N’avons nous pas, nous aussi, été pris(es) au piège du médiacentrisme phallocratique ?
P*tain. On s’est fait(e) roulé(e)s. Ils l’ont eue. Et sous nos yeux consentants en plus !
Mais qui de plus symbolique pour représenter la bataille pour l’indépendance des femmes, que cette dame qui a eu peur de se perdre en devenant la compagne du Président de la République Française ? Comment a-t-on pu si peu la soutenir ? Ne voyons nous pas qu’elle était dans le vrai le plus total, lorsqu’aujourd’hui la machine du patriarcat dominant se referme sur nous ?
Et dire qu’on avait espoir en le changement…
Mais le changement, ne doit-il pas venir de nous, Yers ?
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